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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 22:03

  Je vous propose aujourd'hui quelques extraits du roman

 cigale- page 44

 

Une intrigue provençale

 

« UNE LUEUR DANS LES YEUX »

 

Extrait N° 1

Contexte : Nicolas annonce la future catastrophe à Lucien

 

Là il détourne le regard, ses yeux sont dans le vide, son esprit perdu dans ses pensées. Il ne bouge plus, il ne parle plus. Je le connais bien le Nicolas, et là il est figé dans une angoisse morbide…

Mais qu’est-ce qu’il se passe encore ?

- ( Nicolas ) : « De la colline du mont d’or on peut voir presque toute la vallée, presque tout jusqu’à Cadarache, tout ce qui va disparaître… Au-delà même de Manosque. Tout va être exterminé, anéanti, la terre brûlée à plus d’un mètre de profondeur. Il ne restera plus que de la matière carbonisée… De la matière carbonisée à perte de vue. On ne retrouvera même pas les os de ces pauvres malheureux pour leur offrir une sépulture. Le plus terrible c’est qu’il n’y aura pas un cri, pas même un gémissement. Tout s’évanouira dans un silence de mort en quelques secondes comme si dieu avait honte de ce qu’ont fait les hommes. »

Je m’approche de Nicolas et le tire violemment par l’épaule.

- « Qu’est-ce que tu racontes ? C’est pas possible, explique-toi, bordel. »

Nicolas a ses yeux noyés de larmes… C’est sûr il ne plaisante pas.

- « Après votre guerre mondiale, des générations ont été attristées par les images des conséquences de la bombe atomique… Des hommes calcinés… Une petite fille qui errait le corps brûlé avec une robe encore collée à sa peau par la chaleur… Pas de couleur, tout était noir et gris. Mais moi… Lucien, moi, c’est la catastrophe de Cadarache qui hante mes nuits. Là, il n’y avait pas de gris… Non, il n’y avait que du noir… Du noir à perte de vue. Et ce silence… »

Nicolas s’arrête de parler, il ne peut plus. Il essuie ses yeux avec ses mains. Je lui donne un mouchoir en papier. Il lui faut plusieurs minutes pour se remettre. Je ne dis rien, je suis complètement effondré. Nicolas se mouche puis reprend son récit.

- « Des images ont été prises par avion parce qu’il était impossible de marcher sur le sol tant la chaleur était intense. Il ne restait plus rien à part quelque tas de matière par-ci par-là qui étaient des immeubles qui avaient fondu et là, Lucien, j’ai compris ce qu’était qu’un silence de mort. Nous avions aussi les bandes-son de l’époque mais les commentaires étaient rares tant la vue de cette désolation était insoutenable. Nous n’entendions que de courtes phrases de temps en temps, du genre, « De la terre brûlée sur des centaines de kilomètres, c’est tout ce qu’il reste de cette Provence magnifique »… « Pourquoi autant d’innocents sont morts, n’aurions-nous pas pu éviter ce drame ? ». Même les avions ne pouvaient pas s’aventurer trop longtemps au-dessus de ces terres tant la température et la pollution étaient importantes. J’ai pu voir des images satellites de la France après ce cataclysme, la Provence n’était plus qu’une grosse tache noire comme si de l’encre était tombée sur le papier. Cette tragédie s’est déroulée des siècles avant ma naissance mais dans mes nuits j’entends toujours les rires des enfants, le chant des oiseaux, le bruit de la vie avant la catastrophe et d’un coup le silence… Le silence et le noir… Un noir profond et angoissant qui me réveille en sursaut. Ça a été un tel bouleversement que l’atmosphère terrestre s’est complètement dégradée. »

 

 

Extrait N°2

 

Contexte : Lucien essaie de faire déménager sa mère pour la mettre à l’abri

 

Pourquoi tu veux que je m’expatrie ? Je ne suis pas bien ici ? J’ai toujours vécu ici avec ton père, ce n’est pas aujourd’hui que je vais en changer. J’ai quelque fois l’impression qu’il se promène dans la cuisine, dans la chambre, de partout. Quand je fais de la tomate au pistou je l’entends dire comme s’il était là « Oh bonne mère chérie ! Ton pistou il sent jusque dans la salle à manger et je suis sûr que ça descend jusqu’à Aubagne. Je te préviens si je vois remonter les Aubagnais jusqu’ici je ferme la porte à clef ». Le soir dans le lit, je me mets bien à ma place du côté de la fenêtre, vé, tu peux me croire, je l’entends respirer tout à côté de moi, et ça m’aide à m’endormir. Parfois, quand il n’y a personne bien sûr, sinon on me prendrait pour une folle, je lui parle… « La vigne, tu penses la tailler quand ? »… « Vé chérie ! Si je ne la taille pas aujourd’hui, hé bé le raisin il poussera quand même, et le seigneur il n’a pas mis des vignes en Provence pour qu’on s’escagasse mais pour qu’on boive du bon vin. » « Tony, tu penseras à ramasser les olives ? » « Oh bonne mère ! J’allais le faire mais vé, quand j’ai vu qu’il y en avait plein chez l’épicier, hé bé je me suis vite repris. » Non Lucien, j’ai passé tant d’années près de lui que c’était la moitié de ma vie, l’autre moitié c’est toi. Maintenant je vis au ralenti… Ah ! S’il était là ce ne serait pas pareil, sas… Ça risque pas, parce qu’il fallait bouger avec lui, tu sais ? Et puis, si c’était moi qui étais partie la première il n’aurait jamais quitté la maison, j’aurais survécu un moment comme une ombre près de lui, le temps qu’il me rejoigne. Et tu viens me dire qu’il faut que je parte, demande-moi plutôt de me jeter au canal, ce sera plus facile. »

Après de tels arguments, j’avoue ne plus savoir quoi lui dire. Son plus grand malheur serait de quitter cette maison où elle a connu tant de bonheur. Toutes ses joies passées sont là, elle ne veut pas les oublier. Ce serait pour elle comme une trahison de laisser venir d’autres gens ici, alors que papa est là qui l’attend.

 

 

 

Extrait N°3

 

A la sortie d’un virage surgit une borie, majestueuse au milieu de la garrigue. Plantée là comme un safrané que l’on aurait oublié, elle siège en reine entourée de trois ou quatre pins centenaires qui lui font des courbettes tant le mistral les a poussés. Toutes vêtues de leurs longues robes mauves quelques pieds de lavandes se présentent à sa majesté qui exige les plus fines senteurs de ces dames de compagnie.

L’indexe raidi vers la bâtisse, les yeux grands ouverts, Nicolas s’interroge.

- « C’est une borie…Ici on en est cafie. », Explique Antoine. 

Nicolas se tourne, bouche bée, le regard interrogateur.

- « En Provence on appelle ce refuge « une borie », dans d’autre région elles ont un autre nom », Rajoute M. Baratin.

- « Ouais, mais la vrai c’est la borie Provençale. »

- « Evidemment… »

- « Il faut dire, Nicolas, que c’est nous qui l’avons inventé, la borie, et les autres ils n’ont fait que nous copier. » , Renchérie Mme Baratin.

- «  Ah oui ! … Mais à quoi ça sert. »

- ( Lucien): «  C’est les bergers qui les font pour s’abriter du froid ou de la pluie. »

- «  Pour vous dire qu’en Provence ils ne s’en servaient pas souvent, mais ça les occupait de construire ces abris. »

- «  Qu’est ce que vous voulez qu’ils fassent de leurs journées, peuchère ! Ils fallaient bien qu’ils s’occupent. »

- «  Boudie, mais c’est qu’ils en avaient du temps libre parce qu’il y en a un peu de partout. »

 

 

Extrait N°4

 

Papa s’approche de Nicolas.

- « Hé bé Nicolas! Vous aimez les grands espaces... »

Pas de réponse, papa attend un peu.

«…Ça va ? »

Toujours pas de réponse, je m’approche aussi. Je m’avance encore pour voir son visage, puis je fais signe à papa de la main pour qu’il me rejoigne. Nicolas a les larmes aux yeux, quelques gouttes ont déjà coulé le long de ses joues.

- « Qu’est-ce qui se passe Nicolas ? », Interroge papa. «  C’est la vue des grands espaces qui vous trouble ? »

Nicolas sursaute comme sorti d’un mauvais rêve.

- «  Vous savez ce que disent les armoiries de Manosque ? »

- « Non … »

- « MONIA IN MANU DEI SUNT »

- « Ça me fait bien plaisir. »

- « Et vous savez ce que cela veut dire ?

- « Pas du tout… Qu'es aco ? »

- « « Tout est entre les mains de dieu ». Et ça, vous voyez Toine c’est un signe, oui…ne me demandez pas pourquoi mais moi je vous le dis c’est un signe. »

- « Fan de chichoune, s’exclame M. Baratin. Pour quelqu’un qui ne connaît pas le pays…vé ! Il m’a fait froid dans le dos. Il parle pas beaucoup mais quant il parle c’est pour vous faire une estoumagade pas possible. »

Qu’est-ce qu’il a voulu dire, encore ? Sait-il quelque chose ? A-t-il l’intention de déclencher une catastrophe ? Ou est-ce tout bêtement un rêveur avec des araignées au plafond ? Le mystère s’épaissit.

 

 

Extrait N°5

 

Sous le linge apparaissent des coupures de presse bien rangées. Je les feuillette une par une. La deuxième coupure est une photo du drame sur laquelle je peux voir des animaux déchiquetés, des corps couverts de draps et il y a une annotation au stylo sous la photo « nous aurions pu éviter ça ». Il est donc bien responsable de ce carnage. C’est exactement comme l’avait dit petit Jean. Les extra terrestres se sont effectivement scratchés là bas, ils auraient voulu éviter la perte de leur vaisseau et certainement la mort d’animaux. Sur l’article suivant il y a encore une annotation, sous le titre « Quatre morts et un mystère » avec le même stylo il est écrit « Ils n’avaient rien demandé à personne ils ne demandaient qu’à vivre » . Avec cette phrase on dirait qu’il plaint les disparus. Je ne comprends pas, mais c’est sûr, il ne faut pas chercher à tout comprendre, ces êtres doivent fonctionner complètement différemment des humains… Ou alors l’explication est toute autre. Plus loin je tombe sur une note plus étrange. Le journaliste avait détaillé l’identité des quatre défunts, celle du petit garçon est soulignée et une flèche dirige le trait vers cette écriture «  j’espère que son pendant vivra longtemps et heureux ». Alors maintenant c’est le flou le plus complet mais peu importe, je connais le principal et je sais ce qui me reste à faire. Mais je ne suis pas au bout de mes surprises. Après encore une dizaine de papiers du même genre, je tombe sur une autre série de sujets. Toute cette série comporte des documentations sur le centre d’étude atomique de Cadarache. Il y a les plans détaillés du site, des photos satellites, des clichés pris de l’extérieur et de l’intérieur du centre, des explications sur les recherches et leurs niveaux d’avancement. Si Nicolas s’est autant documenté sur Cadarache c’est uniquement parce qu’il projète une action d’envergure destinée à l’extermination de millions d’humains, je ne vois que ça. Cela explique aussi le fait qu’il ait voulu passer devant quand nous sommes allés à Manosque. Ce qui l’intéressait ce n’était pas du tout la ville mais juste la possibilité de pouvoir repérer les abords du centre nucléaire. Je continue à feuilleter les coupures de journaux quand je tombe sur une annotation surprenante. Sur une photo aérienne représentant le centre d’étude et ses environs, il y a un cercle tracé à main levée. Mais ce disque est dessiné en dehors de Cadarache, dans la colline attenante. Il y a une annotation dans la marge, avec une flèche dirigée vers le cercle, « c’est ici que tout a commencé ».

 

 

Extrait N°6

 

Le capitaine s’assoit en face de nous, sans rien dire et nous regarde à tour de rôle.

- « Qu’est-ce que vous voulez dire ? », S’impatiente Lucien.

- « Rien de précis pour le moment… Mais figurez-vous que des tas de théories plus ou moins fantaisistes circulent concernant l’objet que vous cherchiez dans le lac… Certains pensent qu’il pourrait appartenir à une civilisation extra terrestre, d’autre qu’il pourrait venir du futur… »

- « N’importe quoi ! », S’exclame Martine. «  J’espère que nous ne sommes pas retenus ici à cause de ces allégations ! »

- « Le souci c’est que l’objet en question est une réalité, et une réalité que nous ne comprenons pas. Quant à vous, je suis certain que nous allons avoir des problèmes pour retrouver vos actes de naissance parce que je pense que vous venez de loin… De très loin. »

- « Si vous les retrouvez, vous nous relâcher instantanément ? » , Propose Martine.

- « Vous m’avez bien l’air sûr de vous ! »

- « Et pour cause ! »

Un soldat entre avec un dossier, le capitaine se tourne. J’en profite pour faire les gros yeux à Martine, elle réagit en haussant les épaules. Le capitaine examine les papiers. Il relit plusieurs fois les documents, manifestement ce qu’il y trouve ne lui convient pas. Martine prend un ton ironique…

- « Alors, capitaine, je suis bien née à Aubagne… ça n’a pas changé ? »

- « Ça n’a pas changé ! … mais parlons plutôt de l’objet… »

- ( Lucien ) : « Mais quel objet ? Ça fait une plombe que vous nous parler de cet objet… Mais on en sait rien nous. » »

Le capitaine se tourne et fait un signe de la main en direction du miroir. Le soldat revient avec une valise dans les bras. Le capitaine la prend, la pose devant nous et l’ouvre.

- « Celui la ! »

- ( Martine ) : « Impressionnant ! Qu’es aco ? »

- « Je ne peux pas croire que vous ne le sachiez pas, Mme Lubrano. »

- « Hé bé ! Pourtant c’est la première fois que je le vois. »

Là, il faut le reconnaître, elle n’a pas menti.

- « Mais bien sûr ! …» , Puis se tournant vers moi. « … Et vous aussi je suppose ! »

- « Vous supposez bien ! Votre truc ressemble à un jouet pour les minots, c’est tout ce que je peux vous dire. Nous ne savons rien d’autre. »

Moi par contre, il faut aussi le reconnaître, j’ai menti… Mais je le fais bien.

- « Nous avons les enregistrements de votre discussion de ce matin avec votre fille et ils ne laissent aucun doute quant à votre implication dans cette affaire. Vous êtes au courant de toute l’histoire, je ne sais ni pourquoi ni comment mais vous pouvez me faire confiance vous avez tout intérêt à coopérer. Comprenez bien que vous êtes nos seuls témoins pour pouvoir élucider cette énigme et on ne vous relâchera pas tant que ce ne sera pas terminé. »

- « Vous ne pouvez pas retenir un innocent sans preuves. »

- « Vous saurez rapidement que nous avons tous les droits et il nous a été donné carte blanche par les plus hautes autorités. Nous n’avons qu’un impératif… trouver et comprendre la vérité. Vous vous rendez compte M. Lubrano cela fait presque quarante ans… presque quarante ans que nous surveillons cet endroit avec des émetteurs… presque quarante ans que nous faisons des recherches poussées sur cet engin, presque quarante ans que nos experts et nos services de renseignement parcourent la planète à la recherche d’un indice, presque quarante ans que nous émettons des hypothèses les plus invraisemblables sur l’origine de cette arme, sans avancer d’un pouce. Et voilà enfin notre persévérance récompensée. Vous vous pointez ce matin avec votre fille pour repêcher cette arme… Parce qu’il s’agit bien d’une arme, là dessus nos experts sont formels. »

 

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Quatrième de couverture :

Perdu sur une planète qu’il ne connaît plus, dans cette Provence qu’il découvre, seul un garçon d’une quinzaine d’années se doute de sa véritable identité. Le croyant terroriste menaçant sa famille ou venu d’une autre planète, d’un autre temps pour anéantir la race humaine, il décide de l’éliminer. Il n’a pas d’autre choix que de lui apprendre la terrible vérité pour sauver sa vie. Il ne sait pas ce jour là, que c’est ce même gamin devenu adulte qui accomplira la terrible mission qui hante ses nuits depuis toujours … Mission qu’il n’a pas pu mener à bien.

Lucien LUBRANO

 

Présentation du roman : http://romansf.cabanova.com/

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